lundi 11 octobre 2010

Un intéressant article du moniteur sur urbanisme et développement durable


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La ville positive : un concept simple pour permettre aux villes de restaurer l'environnement
Rodolphe Deborre, directeur associé de BeCitizen | 28/09/2010 | 15:03 | Territoire



© Viktoria Henriksson
Le quartier Hammarby, au Sud de Stockholm, élue « Capitale verte de l'Europe », en 2010, par la commission européenne

Rodolphe Deborre, directeur associé de BeCitizen, société de conseil stratégique en développement durable, pense que l'urbanisme peut réparer l'environnement. Tous les quinze jours, sur LeMoniteur.fr, il tentera de définir ce que doit être la ville de demain.
L'homme peut réparer l'environnement qu'il a détruit. Il est possible de mettre en jeu les idées, technologies et solutions vertes qui sont désormais à disposition. Cette mutation verte est également possible en ville. Découvrons comment en commençant par observer la possibilité d'une ville positive.

La ville qui détruit l'environnement est elle une fatalité ?

Il n'existe aucune raison valable pour dire que l'homme et ses projets détruisent inévitablement l'environnement. L'espèce humaine appartient au monde vivant. A ce titre, nous vivons essentiellement du soleil et des molécules et organismes qui se créent et se transforment depuis 4 milliard d'années. Or, le monde vivant ne crée ni déchet ou gaz à effet de serre « anthropiques ». Bien au contraire, le monde vivant crée des ressources (bois, sols, molécules), stocke du CO2 et augmente la biodiversité. En théorie donc, l'homme ne devrait pas échapper à la règle.
Or l'homme a bel et bien inventé les déchets, les gaz à effet de serre « anthropiques » ou la pollution. Si l'homme a réussi le tour de force de créer ces entités destructrices de valeur environnementales, pourquoi diable n'arriverait il pas à créer d'autres entités réparatrices ?
Nous sommes au début du XXIème siècle, les solutions existent, même en ville. Exemples : il est possible de dépolluer sur place les eaux grises d'une maison avec un système à base de plantes sélectionnées . Il est possible de bâtir une usine de T-shirt qui rejette une eau plus propre que celle qui entre dans l'usine . De plus, la performance économique de ces solutions est souvent intéressante, a minima en matière de réduction des couts et des risques.

Comment définir la ville positive, celle qui répare la planète ?

La ville positive est d'abord une ville humaine. Ce n'est pas une machine. Elle a une histoire et va évoluer et se transformer avec les hommes et femmes qui l'habitent et qui y ont habité. Le Paris d'aujourd'hui ne ressemble sans doute que peu à ce que s'imaginait le baron Haussmann. Le Paris de demain, forcément positif, ne ressemblera pas à l'idée que l'on s'en fait. En revanche, il faut souhaiter qu'il restaure l'environnement de son territoire.
Définissons la ville positive comme une ville dont la performance écologique est telle qu'elle répare l'environnement : production de ressources renouvelables, dépollution, création de biodiversité, production nette d'énergie renouvelable, amélioration de la santé et de la qualité de vie, stockage de carbone.

Quelle différence entre la ville positive et la ville durable ?

La ville positive constitue une rupture fondamentale avec le discours classique sur la ville durable. Ce discours parfois confus consiste à dire qu'une ville durable doit minimiser ses impacts mais qu'il restera forcément des impacts négatifs ! Une ville durable serait une ville qui consomme moins d'eau potable, mais qui en consomme tout de même. Une ville durable consomme moins d'énergie fossile, mais en consomme tout de même. Poussé à son extrême, cela signifie qu'il y aurait une fatalité à ce que la ville dégrade l'environnement : au final, moins il y a de ville et mieux la nature se porte.
La ville positive s'oppose à cette vision des choses. Si la ville positive, au service des hommes, parvient à restaurer la nature, le territoire et les hommes qui l'habitent, alors chaque ville positive supplémentaire est la bienvenue, chaque bâtiment positif est le bienvenu, chaque infrastructure positive est la bienvenue.

A quelle échelle urbaine peut-on mesurer une ville positive ?

La performance écologique de la ville positive doit se mesurer à l'échelle du territoire pour plusieurs raisons. Premièrement, il est nécessaire de prendre en compte les « fuites » ou éléments induits par le projet lui même pour mesurer sa réelle efficacité. Par exemple, un éco quartier sans voiture ne doit pas induire un stationnement supplémentaire en dehors des limites du quartier proprement dit. Deuxièmement, l'optimum écologique et économique se trouve parfois à une échelle supérieure à celle du bâtiment. Ce point sera détaillé ultérieurement.

Quelles sont les performances écologiques à atteindre dans la ville positive ?

La performance écologique de la ville positive peut se mesurer selon 5 bilans écologiques distincts : l'énergie, le climat, les ressources, la biodiversité et la santé. Les seuils de performances recherchés visent à restaurer l'environnement. La ville positive a donc pour objectif de produire de l'énergie renouvelable, de stocker du CO2, de créer des ressources exploitables, de renforcer la biodiversité et d'améliorer la santé.

Comment mettre en œuvre la ville positive ?

La ville positive se décompose simplement dans les postes classiques de définition d'un projet urbain : place de l'homme, choix du site et transport, énergie, eau, matériaux, espaces verts et biodiversité, fournisseur positif et bien sur la place de l'homme.
Loin d'être une utopie, la ville positive est écologiquement nécessaire, économiquement possible et humainement tout à fait désirable. Nous proposons aux lecteurs du moniteur.fr une série d'articles qui vise à détailler comment et pourquoi mettre en œuvre la ville positive.
Dans deux semaines : "Sur quel site se développe une ville positive ?

Rodolphe Deborre, directeur associé de BeCitizen | Source LE MONITEUR.FR