dimanche 28 février 2016

Mettre une ville au vert …


Un élogieux article de télérama, publié en décembre dernier évoque le cheminement écologique de Strasbourg. Il en ressort l’idée d’un mouvement général, plus ou moins avancé, que des villes comme Paris et Grenoble développent également avec volontarisme.
La réalité est à nuancer, le processus, car ce n’est ni un état ni un but, est moins simple qu’il n’y parait, tant politiquement que techniquement.

Par exemple, si à l’origine du plan vélo, il était nécéssaire de fusionner ou au moins de rapprocher les espaces piétons et vélos, désormais la séparation des flux apparait moins évidente à généraliser. En particulier, car le plan vélo a réussi, le nombre (et l’audace) des cyclistes inquiète les piétons, par contre les automobilistes se sont habitués et la cohabitation va mieux, surtout en zones partagées.

 On voit donc que la cible n’est pas évidente tout de suite, et que l’expérience enrichit le processus. La hiérarchie des objectifs se construit petit à petit. 

Les périmètres sont également à questionner régulièrement. S’il fallait, bien sur, commencer à réduire la circulation motorisée par l’hyper centre, on s’aperçoit, avec le recul, que cette politique a reporté les circulations de périphérie à périphérie sur l’autoroute urbaine et contribué à la pollution de l’air. Maintenant, il faut sans doute élargir le périmètre de mise en recul des moteurs carbonés et individuels. Ce sera progressivement possible sur le territoire métropolitain grâce à la montée en charge des lignes de transports en commun.

A contrario, ne croyons pas que la progressivité soit toujours possible : le cheminement vers ”zéro  déchet” doit se produire radicalement car il faut, ou pas, construire une structure d’incinération (50M€). C’est donc un mélange de radicalité et de pragmatisme qui conduit le processus.
Comme c’est également un dispositif de coproduction, avec la population, avec les services techniques, avec les entreprises en charge des contrats, avec les organismes opérateurs (SEM, EPIC et autres sociétés) il est nécéssaire de faire adhérer chacune des parties. Cela nécessite une vision forte et prospective, une pratique démocratique constante, du temps pour explorer, débattre et surtout une bonne équipe d’élus et de techniciens.

Pour les professionnels de l’espace, de sa structuration, cela demande une position différente. Il n’est pas possible de réfléchir et de dessiner en ”deus ex machina” La pensée et globale et locale doit s’exercer dans la scénarisation et la hiérarchisation que demandent la coproduction, pour aboutir au consensus, tout en évitant la compromission.

C’est un mouvement continu d’actions, d’évaluations, de corrections, de prospectives et de hiérarchisation. Désormais, il faudra en permanence revenir vers des questionnements de fond : quelles sont les fonctions essentielle de la ville ? comment allier autonomies et solidarités, pour éviter individualisme et consumérisme spatial ?

Jean Werlen

Urbaniste, architecte, militant et élu écologiste.

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